top of page

La Paroisse Saint Hermogène

Située au N° 100 de l’avenue Clot-Bey, dans le 8° arrondissement de Marseille, la paroisse Saint Hermogène a été fondée dans les années 30 du XXe siècle par les émigrés russes que la révolution de 1917 avait rejetés loin de leur pays.

Le contexte

Contrairement à Nice, Cannes ou Menton, qui étaient au XIXe siècle des lieux de villégiature très prisés par la haute société russe et anglaise, Marseille était un port où les touristes étrangers ne séjournaient qu’en transit pour d’autre destinations. Aussi n’était -t-elle dotée au début du XXe siècle d’aucun édifice religieux russe, alors que les négociants grecs, implantés dans la ville au début du XIXe, avaient fondé en 1834 l’église orthodoxe grecque de la Dormition, première église orthodoxe en France.

Les Russes qui arrivèrent à Marseille, font partie des populations qui, durant la guerre civile, s’étaient regroupées en Crimée, dernier bastion tenu par l’Armée Blanche sous le commandement du général Wrangel. A Sébastopol s’était reconstituée l’Ecole Navale de Saint Pétersbourg dont les membres, élèves et officiers de marine, avaient fui la révolution. En novembre 1920, alors que s’accentue la menace de l’Armée Rouge, le général Wrangel prend la décision d’évacuer la Crimée. En trois jours, sur 126 bateaux de tout tonnage, embarquent troupes, familles de militaires, population civile des ports de Crimée et tous les membres de l’Ecole Navale de Sébastopol. Les conditions de l’évacuation sont terribles, les navires sont surchargés, bien au-delà de leurs capacités. Au total, près de 150 000 personnes gagnent Constantinople.

A Constantinople, occupée par les Alliés, diverses destinées se présentent aux réfugiés : 3000 militaires s'engagent dans la Légion Etrangère ; 32 000 partent dans les pays balkaniques ; 33 navires gagnent Bizerte où sont accueillis 5400 réfugiés civils. Ceux qui restent à Constantinople sont dispersés dans des camps, sur les iles de Lemnos et de Gallipoli.

L’installation des réfugiés à Marseille

Quelques centaines de ces émigrés venus de Crimée arrivent à Marseille en avril 1921 sur le navire “Rion”. Dans le port se trouvaient déjà d’autres bâtiments de la flotte de commerce russe, qui attendaient que les autorités décident de leur sort. Sur l’un de ces navires (“l’Empereur Nicolas I) était installée une chapelle dans laquelle le père Pierre Brilev, frère du capitaine, célébrait les offices.

Les réfugiés russes civils sont accueillis dans le camp Victor Hugo, installé par la Croix Rouge française sur un terrain vague près de la gare St Charles.

 En 1923, le camp hébergeait près de 600 personnes.

Le métropolite Euloge permit la création d’un lieu de culte dans le camp et nomma pour le desservir le père Avenir Diakov. Dans ses mémoires, le métropolite Euloge raconte : ”Une église très modeste fut installée dans un des baraquements ; le vent sifflait dans les fentes des murs. On voyait parfois entrer des chiens. Une nuit, le mistral souffla si fort que le baraquement dans lequel vivait le prêtre s’effondra comme un château de cartes. Le père Avenir se réveilla ; au-dessus de sa tête il ne voyait que le ciel et la pluie qui tombait.” [“Le chemin de ma vie” p.413]

Quand la Ville de Marseille décida de supprimer le camp, les Russes s’installèrent en ville et la communauté loua un local pour l’église et pour le prêtre.

 

La création de la paroisse 

C’est alors que fut créée la paroisse Saint Hermogène. La communauté choisit pour protecteur ce patriarche qui, dans la période très agitée du “Temps des troubles” (début XXVIIe siècle) défendit avec courage la foi orthodoxe face à toutes les agressions politiques et militaires que subissait la Russie. Il fut canonisé en 1913, juste avant que n’éclate le cataclysme de la grande guerre et de la révolution. Peut-être les émigrés marseillais avaient ils le sentiment de vivre un moment historique comparable aux années agitées du règne de Boris Godounov. Aussi mirent-ils leur paroisse sous la protection d’un saint qui avait traversé sans faillir toutes les épreuves humaines, soutenu par la force de sa foi.

La paroisse s’installa dans un petit bâtiment, situé en bordure du parc Borely, qui appartient à la Ville. C’est un ancien octroi, que les premiers paroissiens ont eux-mêmes aménagé en église, édifiant un petit bulbe surmonté d’une croix, une coupole intérieure, une iconostase pour séparer la nef du sanctuaire...Un petit local attenant fut construit pour l’hébergement du prêtre. Avec de faibles moyens mais beaucoup de dévouement, les paroissiens ont œuvré pour entretenir cette petite église.

En 1934, lorsque fut assassiné à Marseille le roi Alexandre I de Yougoslavie (tué en même temps que Louis Barthou, ministre français des affaires étrangères dans un attentat sur la Canebière), les autorités yougoslaves firent édifier dans l’église un monument à la mémoire d’Alexandre I, grande icône représentant Saint Alexandre Nevsky et Saint André, patrons du roi et de la maison de Serbie.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, le bâtiment fut réquisitionné par l’armée allemande. Rendue au culte après la guerre, l’église fut entretenue de façon ininterrompue par les fidèles. Lorsque, à la mort du père Leonid Lioubimov, en 1963, il n’y eut plus de prêtre à demeure, l’église fut desservie par le clergé de la cathédrale de Nice.

La situation actuelle

 

Ordonné en 1982, le père Jean Gueit fut nommé recteur de la paroisse par l’archevêque Georges (Wagner). La communauté se composait alors d’une quinzaine de “survivants” de la génération des fondateurs. Se plaçant dans la continuité de cet héritage, par respect des anciens et de la tradition russe, tout en s’ouvrant aux réalités contemporaines et locales, le père Jean proposa de célébrer tous les dimanches, en alternant les langues russe et française.

Les célébrations régulières permirent à la communauté de s’agrandir et de se diversifier, intégrant des occidentaux que leur cheminement personnel a conduits à l’orthodoxie, aussi bien que des nouveaux immigrés, arrivés de différents pays d’Europe centrale et orientale (Russie, Ukraine, Géorgie, Biélorussie, Moldavie...)

Désormais, la liturgie est célébrée chaque dimanche dans les deux langues, français et russe pour permettre la participation du plus grand nombre. Les Vigiles sont célébrées principalement la veille des grandes fêtes. La catéchèse des enfants est assurée par « matouchka » Anne Marie, assistée de mamans, celle des adultes par le père Jean également dans les deux langues alternativement.

Soulignons que l’église Saint Hermogene a bénéficié de la contribution inestimable de deux iconographes, (Elisabeth Heriard et Anne Levert), qui ont réalisé des fresques et plusieurs icônes majeures ainsi deux grandes croix. 

94068194_109729657383402_3758415160767676416_o.jpg
PXL_20211020_104553795.jpg
portes royales.jpg
Saint Hermogène
(Fêté le 17 février)
1PvKspx50JPe9diajfQzFqos9MuXAsM3RElpJdfdNjx88JuDtUQ.jpg

Tropaire de Saint Hermogène ton 4

 

Saint évêque et thaumaturge Hermogène

tu as nourri ton peuple de la parole de Dieu

et pour qu'il vive dans la plénitude de la foi

tu as accepté de mourir de faim.

Donne - nous d'avoir soif du Dieu vivant,

de sa parole, de sa coupe et du partage fraternel.

Ainsi nous rendons gloire au Dieu unique en trois personnes.

Mémoire de saint HERMOGENE,

Patriarche de Moscou et de toute la Russie

 

Origines

Né en 1530 dans une famille d’humble condition de la région de Vologda, saint Hermogène fut élevé dans un petit monastère dédié à la Transfiguration , récemment fondé à Kazan par saint Barsanuphe de Tver. Devenu prêtre séculier dans la paroisse de saint Nicolas, il fut témoin de l’apparition miraculeuse de l’icône de la Mère de Dieu et put la tenir dans ses mains.

 

Métropolite de Kazan

Quelques années plus tard, après la mort de son épouse, il devint moine puis higoumène du monastère de la Transfiguration, qu’il élevé à une grande renommée. En 1589, il fut consacré métropolite de Kazan et continua l’œuvre de conversion des Tatares, qui avait été entreprise par son prédécesseur saint Gouria. C’est à grand peine que, par ses prédications et ses écrits, il combattait pur extirper les coutumes païennes de son peuple et pour empêcher les nouveaux convertis de se laisser séduire par les intérêts matériels et d’adhérer à l’Islam, au Catholicisme ou au Protestantisme. Il montra aussi un grand zèle pour honorer la mémoire des martyrs et des saints évêques qui avaient sanctifié avant lui la terre de Kazan par leur sang et leurs œuvres évangéliques. Doué d’un grand talent littéraire et considéré comme l’un des hommes les plus instruits de son temps, il écrivit des vies de saints, des traités théologiques pou la défense de l’Orthodoxie, et éclaira le peuple sur la voie à suivre, en ces Temps des Troubles (1605-1613), par une vaste et riche correspondance.

La mort de Boris Godounov (1598-1605) avait en effet laissé le royaume de Russie dans une grave crise de succession, qui laissait le champ libre aux opportunistes et aux intrigants. En 1605, Dimitri, fils prétendu d’Ivan le Terrible, usurpa le titre de tsar et décida d’épouser une princesse polonaise catholique. Convoqué à Moscou avec d’autres évêques, Hermogène fut le seul à s’opposer à ce projet au nom de la foi orthodoxe. Il fut pour cela déposé et incarcéré jusqu’à la mort de l’usurpateur, l’année suivante.

 

Patriarche de la Russie

Lors de l’accession au trône du prince Basile, et après la déposition du faux patriarche Ignace, Hermogène fut élevé à la dignité patriarcale. Aussitôt en place, il restaura l’imprimerie de Moscou, qui avait brûlé, et commença la publication des livres liturgiques, qu’il faisait corriger à partir des originaux grecs et dont il surveillait lui-même l’impression. Malgré son âge avancé (70 ans), il montra alors un zèle ardent pour le soutien de l’Orthodoxie et une grande énergie pour la défense des droits du souverain légitime. Assumer une telle charge en ces temps de changements politiques des Polonais et des Lithuaniens, et de propagande des Jésuites, ce n’était pas choisir les honneurs mais plutôt la croix et le martyre. Dès les premiers mois de sont patriarcat Hermogène dut soutenir de toute son autorité le tsar Basile contre les troupes de Bolotnikov qui assiégeaient Moscou. Le Patriarche rassembla le peuple, ordonna d’observer un jeûne de trois jours et, grâce à ses lettres encycliques envoyées en différentes cités, des détachements de fidèles patriotes vinrent chasser les rebelles.

A peine avait-on célébré la réconciliation solennelle du peuple avec le tsar légitime qu’un autre usurpateur, nommé lui aussi Dimitri, soutenu par les Polonais, assiégeait Moscou, en promettant des grands avantages à tous ceux qui se rallieraient à lui. En dépit des admonitions du saint Patriarche, les rebelles réussirent à obtenir l’abdication du tsar (juillet 1610). Profitant de cette situation, et fort de l’appui de certains nobles, le roi de Pologne proposa alors aux Moscovites de choisir son fils pour tsar, avec la promesse qu’il se convertirait par la suite du Catholicisme à l’Orthodoxie. Mais Hermogène, discernant qu’il s’agissait là d’une promesse trompeuse, exigea la conversion préalable du prince, par le baptême, avant son élévation sur le trône de Russie, en dépit des menaces de mort qui lui avaient été proférées par les émissaires polonais. Il écrivit de nouveau un appel pressant à toutes les cités russe, pour qu’elles viennent défendre la capitale désormais occupée par les rebelles et les Polonais. Le dimanche des Palmes 1611, le Patriarche célébra comme de coutume la procession, monté sur un âne, en passant devant les troupes et les canons ennemis. Pendant la Semaine Sainte, ceux-ci détruisirent presque entièrement la ville par le feu, arrêtèrent le Patriarche et le jetèrent en prison, en mettant de nouveau à sa place l’opportuniste Ignace.

Comme une grande armée russe se préparait à faire le siège de Moscou, Hermogène, tiré de sa prison et sommé de la renvoyer, resta inflexible. Cette tentative pour délivrer la ville échoua cependant, à cause de la division des Russes, et lorsqu’on pu rassembler une nouvelle armée à Nijni-Novgorod, saint Hermogène trouva le moyen de leur envoyer un message les exhortant à rester unis pour la bonne cause. Dans cette lettre, envoyée en secret à l’armée et au peuple, il écrit : « Si vous souffrez pour la foi, Dieu vous pardonnera et vous remettra vos péchés dans cette vie et dans l’autre. » Plus les troupes russes approchaient de la ville, plus dure devenait son incarcération. Finalement, il mourut de faim et soif dans l’horrible cachot où il avait été enfermé, le 17 février 1611, dix jours avant la libération de Moscou.

 

Saint et Thaumaturge

Au temps du Patriarche Nicon (1633), ses saintes reliques, restées incorrompues, furent déposées dans la cathédrale de la Dormition. Elles étaient l’objet d’une grande dévotion populaire, bien avant sa canonisation officielle en 1913, et de nombreux miracles venaient confirmer sa faveur auprès de Dieu et l’efficacité de son intercession pour le peuple russe.

 

Par les prière de Tes saints,

Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de nous.

Amen

bottom of page