Patriarcat de Moscou
100 avenue Clot-Bey 13008 Marseille
Nous entrons dès ce dimanche dans le temps du pré-carême
Jusqu'au 2 mars prochain. Le carême commence le lundi 3 mars
Dimanche 16 février 2025
Dimanche du Fils Prodigue
Fête de Saint Hermogène notre protecteur
(Résurrection en ton 1)
Heures à 10h10 - Liturgie à 10h30
Tropaire de la Résurrection ton 1
La pierre ayant été scellée par les juifs / et les soldats gardant ton corps immaculé, / tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, / en donnant la vie au monde. / C’est pourquoi les puissances des cieux / clament à toi, Donateur de vie : / gloire à ta résurrection, ô Christ, / gloire à ta royauté, / gloire à ta providence, / ô seul ami de l’homme !
Tropaire de Saint Hermogène ton 4
Saint évêque et thaumaturge Hermogène, / tu as nourri ton peuple de la parole de Dieu, / et pour qu’il vive dans la plénitude de la foi, / tu as accepté de mourir de faim. / Donne-nous d’avoir soif du Dieu vivant, / de sa parole, de sa coupe et du partage fraternel. / Ainsi nous rendrons gloire au Dieu unique en trois personnes.
Kondakion de Saint Hermogène ton 4
O bienheureux Hermogène, épuisé par la prison et par la faim, / tu es demeuré fidèle jusqu’à la mort. / Tu as écarté la lâcheté du cœur de ton peuple / et tu l’as invité à lutter pour la foi, / en faisant échouer les complots des impies. / Tu as affermis ta nation qui te crie : /// réjouis-toi, intercesseur de nos âmes.
Kondakion du Fils Prodigue ton 3
Dans ma déraison j’ai fui ta gloire paternelle, / et par de mauvaises actions, j’ai dilapidé les richesses que tu m’avais léguées. / Aussi comme le fils prodigue je te clame : / j’ai péché contre toi, Père compatissant. / Reçois-moi qui me repens /// et fais de moi l’un de tes serviteurs.

Lecture de la première épître du saint apôtre Paul aux Corinthiens (VI,12-20)
Frères, « tout m'est permis », mais tout n'est pas profitable. « Tout m'est permis », mais j'entends, moi, ne me laisser dominer par rien. Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments, et Dieu abolira nourriture et digestion. Mais le corps n'est pas pour la fornication : il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, en sa puissance nous ressuscitera nous aussi. Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? Vais-je donc prendre les membres du Christ pour en faire ceux d'une prostituée ? En aucun cas ! Ou bien ne savez-vous pas que celui qui s'unit à la prostituée ne fait avec elle qu'un seul corps ? Car il est dit : « Les deux ne seront qu'une seule chair. » Mais celui qui s'unit au Seigneur n'est avec lui qu'un seul esprit. Fuyez la fornication ! Tous les péchés que l'homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais celui qui fornique pèche contre son propre corps. Ignorez-vous aussi que votre corps est le temple de cet Esprit saint qui est en vous et que vous tenez de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas, vu le prix auquel vous avez été rachetés ? Alors, glorifiez Dieu dans votre corps et dans votre esprit, puisqu'ils appartiennent à Dieu.
Lecture de l'Évangile selon saint Luc (XV,11-32)
En ce temps-là, Jésus dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir”. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : “Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires”. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit : “Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils”. Mais le père dit à ses serviteurs : “Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé”. Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Ce serviteur lui dit : “Ton frère est de retour, et, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras”. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père : “Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c'est pour lui que tu as tué le veau gras !” “Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi ; mais il fallait bien s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé”. »
CROIS-TU CELA
Intervention du dimanche 19 janvier 2025 du P Jean
pour l’ouverture de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens
(Paroisse St François Xavier – Marseille)
Jésus pose cette question à Marthe après s’être « révélé »: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais »
Marthe répond « oui Seigneur je crois que tu es le Christ le fils de Dieu celui qui vient dans le monde ». Marthe est peut-être la première à pouvoir formuler cette confession en toute conscience, en toute certitude.
En effet lorsque bien avant - Pierre, répondant à la question « et vous qui dites vous que je suis », affirme en termes quasi identiques « Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant », mais Jésus lui dit : « heureux es-tu Simon fils de Jonas, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela mais mon Père qui est aux cieux ». (Mat XVI. 15/17)
Comme si il était encore impensable à ce moment-là de concevoir que Dieu puisse « prendre chair », de concevoir « l'incarnation » sans que cela ne soit « inspiré, - on pourrait dire « soufflé » - car il s’agit bien d’un souffle – venu d’en Haut. Croire que Dieu puisse se faire homme ! Cette proclamation formulée par le concile de Nicée au bout de trois siècles de chrétienté, et dont nous allons comme nous le savons, célébrer cette année le 1700e anniversaire, demeure sans doute la plus grande difficulté pour la (seule) raison humaine.
L'ensemble de l'évangile est jonché du début jusqu'à la fin c'est à dire après la résurrection d’épisodes de doute, d'incrédulité, évoqués par Jesus, et de toute évidence qui l’attristent :
Quelques exemples :
*Mat VIII/26 à l’occasion d’une tempête : « pourquoi avez-vous peur, Jean de peu de foi »
*Mat XIII/58 à Nazareth : « il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de leur incrédulité »
*Mat XVI/8 : pourquoi raisonnez vous en vous même, gens de peu de foi
*Marc XVI/14 : « il apparut aux 11 pendant qu'ils étaient à table, et leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur parce qu'ils n’ avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité
*Luc XXIV/25 : aux disciples d’Emmaus) : « Ô homme sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes »
Et bien d’autres exemples encore, dont un, non seulement l’attriste mais l’irrite profondément, voire qui l’exaspère, à propos d’un lunatique que les disciples n’ont pu guérir, rappoprté par les trois synopptiques : « race incrédule et perverse (engeance de vipère disent certaines traductions) jusqu'à quand serai-je avec vous, jusqu'à quand vous supporterai je ?
Ayons en mémoire ces épisodes car ils nous rappellent la difficulté de croire ; qui pourrait se dispenser de prier comme le père de l’enfant « possédé » : « je crois ! (mais ) viens au secours de mon manque de foi ».(Mc IX. 24)
Notons que dans cette brève réponse qui résume tout ; « je crois mais viens au secours de mon manque de foi » sont utilisés deux termes qui en français relèvent de deux racines distinctes: croire et foi - du latin credere et fides
En hébreu, en grec, en slavon , le verbe et le substantif proviennent de la même racine. Mais « credere » signifie bien « faire confiance »- « placer son cœur ». Et « fides » est bien cette fidélité qui elle aussi consiste à accorder sa confiance.
Mais que remarquons que l’expression « avoir la foi » est inappropriée et peut induire en erreur dans la mesure où la foi-confiance ne relève pas d'un « avoir » d'une « possession », mais au contraire d’un abandon de toute possession et de compréhension que requière la raison.
La confiance est une démarche humble, d'abandon de soi (« que celui qui veut me suivre, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix » Mat XVI .24) Renoncer à soi-même, c’est-à-dire renoncer à être un petit dieu qui veut tout comprendre et dominer.
Là est le cœur de la difficulté. « Le cœur », c'est justement à ce niveau que les choses se jouent si l'on peut dire. Évoquons un autre épisode, le plus significatif, ou illustratif : la marche sur les eaux, notamment en Matthieu 14/28-31 : Pierre dit à Jésus : Seigneur si c'est Toi, ordonne que j'aille vers toi sur les eaux. » Et Jésus dit : « viens ! Pierre sortit de la barque il marcha sur les eaux pour aller vers Jésus, mais voyant que le vent était fort il eut peur et il commençait à enfoncer ; il s'écria « Seigneur sauve-moi » ! aussitôt Jésus étendit la main le saisit et dit : « homme de peu de foi pourquoi as-tu douté ».
Dans un premier temps le cœur ardent de Pierre, totalement confiant, le pousse à partir sur les eaux. Mais en cours de route, à la faveur de la tempête, la logique, la raison dit à Pierre : « non ce n'est pas possible » …et il coule.
Cet épisode peut faire penser à un enfant de deux-trois ans que le père met sur un muret, et s'étant éloigné d'un mètre propose à son enfant de se jeter à travers le vide dans ses bras. Et l'enfant le fait sans hésiter et en riant!
Quelle jubilation pour le père.
Nous devrions être comme cet enfant devant notre seul Père, Dieu. C'est bien pourquoi Jésus dit aussi « laissez venir à moi les petits enfants ».(Mat XIX. 14)
Le doute, est l’une des armes les plus fortes du séducteur, du tentateur, de Satan comme le nomme Jésus en personne au désert, car il est l' « adversaire ».(Mat XVI 23)
Le doute, qu'une partie de notre culture à érigé en vertu, car ne pas douter, ne pas mettre en question, c'est être crédule, c’est-à-dire un peu « simplet ».
C'est pourtant bien cette incrédulité que le Seigneur déplore avec tristesse comme nous l'avons vu.
Et il situe cette incrédulité, au niveau du cœur, de l’âme, pas de la raison.
Aux disciples d’Emmaus, il reproche bien « le cœur lent à croire ».
Dans son apparition aux onze déjà évoquée, Jésus reproche leur « incrédulité » et la « dureté de leur cœur ». La raison n’a pas vocation à croire mais pour com-prendre, prendre avec soi ; mais Dieu demeurera toujours l’incompréhensible, l’inaccessible, l’invisible mais pas l’inconnaissable ; le cœur con- naît. « Naître avec » c’est à dire entrer en com- munion, Et par la même faire l’expérience de la participation aux énergies divines. « Viens, demeure en nous « , dis la prière « orthodoxe" adressée au Saint Esprit . Car c’est le Saint Esprit – Saint Souffle qui nous enseigne toute chose et nous fait connaître Jésus - le Christ, et par Lui le Père : « Qui m’a vu, a vu le Père ». Pour reprendre l'image des poumons, le poumon oriental met l'accent sur cette connaissance de Dieu qui est une expérience participative, mais exclut il faut le dire toute référence à la raison. Grégoire Palamas, un père de l’église, quasi contemporain de Thomas d’Aquin, est particulièrement insistant sur ce point
Dieu ne se raisonne pas, ne se démontre pas, Dieu ne donne aucune preuve de son existence, il donne des signes que seul le cœur-âme peut percevoir, re-connaître….
Au soir du jour de sa résurrection le Seigneur se tînt au milieu de ses disciples et après leur avoir dit « la paix soit avec vous » il leur montra ses mains et son côté ». En voyant le Seigneur les disciples furent tout à la joie.
Remarquons que le Seigneur a spontanément montré ses mains et son côté dès le premier jour par conséquent l'incrédulité de Thomas sera toute relative puisqu'il ne demande à voir que ce que les autres ont vu.
Et donc huit jours après le Seigneur accède à la demande de Thomas, lui offre non seulement de voir mais de toucher son côté, en lui disant « cesse d'être incrédule et devient un homme de foi », c’est à dire « deviens croyant ».
Il n'est pas dit que Thomas toucha, mais son cœur est touché, se retourne, et confesse le Seigneur - Christ , comme personne ne l’a fait avant lui en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Jésus lui dit alors « parce que tu m'as vu tu as cru ; bienheureux ceux qui sans avoir vu ont cru ».
Nous ne sommes pas en situation de voir comme il était donné aux disciples de voir. Mais à leur suite nous avons reçu l'Esprit Saint qui lui doit nous permettre de croire sans avoir vu, et d'annoncer au monde la bonne nouvelle : « allez baptiser les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Quant à moi je suis avec vous jusqu'à la fin des temps. ( Mat XXVIII. 20). Et tout homme qui croit en moi aura la vie éternelle. » (Jn VI.47)
Viens Seigneur au secours de notre manque de foi, afin que chacun de nous puisse dire avec Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ».